Le retournement des morts ou famadihana est un rite bien ancré dans la tradition malgache. Ce rituel permet à la dépouille du parent de passer au statut d’ancêtre, razana. Selon un enseignant chercheur de l’Université de Madagascar, le famadihana est capital dans la spiritualité malgache. Tous les morts ne deviennent pas automatiquement des razana. La famille se rassemble autours du caveau familial en tant que zana-drazana et invite les gens à danser. Le rituel est rythmé par un orchestre traditionnel, jouant du tambour, d’une grosse caisse et de flûtes en bambou. Le corps ou ce qui reste du défunt est sorti du tombeau et est exposé au soleil pendant deux heures sur des tapis traditionnels faits de feuilles de palmiers (tsihy). Ensuite les restes du défunt sont déposés dans de nouveaux linceuls. Enveloppé dans de nouveaux lambas, l’ancêtre est remis dans le tombeau. C’est le début de la fête pour la famille.
Le famadihana se déroule en hiver. Le rituel se prépare longtemps à l’avance. Les dépenses occasionnées par ce rite peuvent être astronomiques surtout si la famille est nombreuse. Il faut acheter les nouveaux linceuls en soie, l’alcool et des dizaines de poulets. Dans la tradition, un proche du défunt rêve de ce dernier, indiquant qu’il a froid et qu’il faut le couvrir. Lorsque l’hiver arrive, les lambas du défunt sont déchirés, il faut les envelopper dans de nouveaux linceuls pour qu’ils ne prennent pas froid. Organisé en moyenne tous les sept ans, c’est l’occasion pour toute la famille de se réunir. D’ailleurs il n’est pas rare que des membres de la famille habitant à l’étranger assistent à plusieurs famadihana lorsqu’ils passent des vacances au pays. Les proches profitent de leur présence.
L’alcool coule à flot lors des réjouissances donnant lieu parfois à des situations insolites. A Imerintsiatosika, un jeune homme sous l’emprise de l’alcool se serait endormi à l’intérieur du tombeau. A la tombée de la nuit, les proches ont fermé le tombeau. Réveillé deux heures après, il a crié à l’aide. S’assurant d’abord qu’il ne s’agissait pas d’un fantôme ou d’un mort vivant, les passants ont alerté les autorités locales pour qu’elles viennent dégager la pierre tombale. Presque à cours d’oxygène, le jeune homme ne touchera pas à l’alcool de sitôt.